Mot du Président

Depuis qu’un important mouvement des éditeurs et agences de presse français s’est organisé autour d’un organisme de gestion collective baptisé désormais « Droits Voisins de la Presse (DVP) », un débat d’une ampleur nouvelle se développe grâce la volonté des titulaires des droits voisins de la presse, dans le pays. Faut-il s’alarmer à ce point du rôle « prédateur » des grandes plateformes, est-il exact qu’elles assèchent dangereusement l’économie de la presse, ou s’agit-il simplement d’une peur à la mode qui fait crier au loup ?

Notre démarche d’union autour de ces questions interpelle avec une vigueur rafraîchissante. Les cercles décisionnaires témoignent de leur intérêt avec bienveillance mais timidité. Législateurs et gouvernants regardent cette puissante étape avec les yeux de Chimène. Mais, puisqu’il n’est question de rien d’autre que de faire appliquer la loi, par un rassemblement des éditeurs et agences de presse le plus large possible, alors prouvons titre par titre que nous serons tous autour de la table. Et ne craignons pas de devenir le bras séculier actif d’un texte voté à Bruxelles en avril 2019, transposé trois mois plus tard en France, donnant ainsi exemple aux autres membres de l’Union européenne, protégés comme nous devons l’être, par deux décisions courageuses de l’Autorité française de la concurrence. Le droit est de notre côté, l’union massive doit en être le véhicule.

Notre organisme de gestion collective n’est pas une fin en soi : le but c’est le juste partage des richesses entre les plateformes et nous, puis l’équité et la transparence dans la gestion et la répartition. Mais avant cette répartition opérée par notre prestataire, le CFC, choisi pour sa grande compétence et sa forte expertise en ce domaine, nous avons besoin d’un élan d’adhésion: c’est l’objet du dossier préparé soigneusement par la Sacem, notre premier prestataire-partenaire, dont le savoir-faire en matière de négociation et de gestion, est très précieux. Alors, faisons-nous un devoir d’adhérer, pour donner l’élan nécessaire à notre juste droit dont nous serons désormais les représentants actifs.

Et s’il fallait trouver un autre motif à nous regrouper tous autant que possible, alors demandons-nous ce que serait une démocratie sans presse, si elle se laissait ruiner et mourir par la disparition inéluctable de ses ressources.  Vous le savez bien : on ne perd que les combats que l’on n’engage pas.

Jean-Marie Cavada
Président de DVP